“Monnaie et monnaies : des haches à douille armoricaines à la découverte de monnaies africaines”

Conférence de Josette RIVALLAIN, Docteur-ès-Lettres :

“Monnaie et monnaies : des haches à douille armoricaines à la découverte de monnaies africaines”

   Le terme de monnaie recouvre des réalités complexes, car elles servent de supports à différents types de transactions et d’organisations, variables d’une culture à l’autre. L’objet dénommé monnaie peut prendre des aspects variés, pas toujours aisés à décoder.

   Dès la Renaissance, des haches à douille sont signalées et décrites en Bretagne par des esprits curieux. Au cours des siècles suivants, on continue d’en mettre au jour et, d’abord, on leur attribue une fonction liée à leur apparence : armes, outil aratoire. Au XIXe siècle, les regards changent, on est attiré par les métaux, les socs des charrues vont plus profondément dans le sol, entraînant des découvertes importantes. Et c’est le siècle où la notion d’argent, de paiement évolue : ces dépôts deviennent assimilés à des trésors monétaires, d’autant que les haches, d’aspect voisin, en bronze, présentent des variations de taille assimilables à des monnaies et des sous multiples.

   C’est aussi le siècle où l’on développe des visées expansionnistes lointaines : des voyageurs (les explorateurs), sont chargés de ramener des échantillons de ce qu’ils découvrent dans les terres lointaines. On s’imaginait que les peuples lointains, primitifs, utilisaient des instruments comparables à ceux de nos lointains ancêtres et que, de les connaître, aiderait à identifier ceux de notre préhistoire.

   Des listes repères furent distribuées, les monnaies figurant tout en fin, priorité étant accordée aux objets d’histoire naturelle. Ces voyageurs ne faisaient que passer, pouvaient rarement mener des enquêtes sur les usages de ce qu’ils voyaient, se fiant plus au comparatisme des formes avec ce qu’ils connaissaient dans leur propre culture. La conquête coloniale imposa des normes occidentales, dont le numéraire. Cette phase de transition entre l’abandon des modes de paiements traditionnels et l’adoption du numéraire occidental, la monnaie, la vraie, qui nous intéresse ici. Leur étude permet de saisir la complexité des termes de l’échange et du paiement, marchand, certes, mais peut-être avant tout religieux, politique, mêlant le monde des vivants et celui des ancêtres. Les formes prises par la monnaie sont extraordinairement variées, mais, au XIXe siècle, c’est surtout ce qui est réalisé en métal qui retient le regard.

   Ce travail demandé par P.R. Giot, il y a longtemps, m’a menée bien plus loin qu’il ne pouvait alors l’imaginer, entraînant des réflexions tout à fait d’actualité et des approches autres de nos passés plus ou moins lointains.